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Glossaire du réchauffement climatique
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Scope 1, 2 et 3 : définition et enjeux pour votre bilan des GES

Scope 1, 2 et 3 : définition et enjeux pour votre bilan des GES

Olivier CLUR, Fondateur de Backcarbone

Mes articles sont conçus pour vous transmettre mes découvertes et vous éclairer dans votre stratégie carbone.

Scope 1, 2 et 3 : définition et enjeux pour votre bilan des GES

De nombreuses organisations ont l'obligation de publier leur bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES) induites par leur activité. Ces émissions de GES sont répertoriées en trois scopes : 1, 2 et 3. A quoi correspondent ces termes ? Comment sont-ils calculés et dans quel but ? 

Pourquoi faire un bilan des émissions de gaz à effet de serre ?

Il y a maintenant plusieurs décennies que nous avons compris que le réchauffement climatique est largement imputable aux activités anthropiques (activités humaines). Le Protocole de Kyoto puis l'Accord de Paris ont annoncé une limite à ne pas franchir (+1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle) si l'on veut limiter l'impact du changement climatique. Celui-ci étant directement lié aux émissions de gaz à effet de serre, il faut les mesurer, les comptabiliser. Cela permet de dresser le bilan des émissions GES puis de les réduire, dans le but d'atteindre la neutralité carbone le plus vite possible, à l'horizon 2050. Afin de simplifier les calculs et d'harmoniser les résultats du bilan carbone de chaque organisation, les GES sont mesurés en tonnes équivalent CO2 (dioxyde de carbone). De cette nécessaire harmonie internationale est née, fin des années 1990, la norme GHG Protocol (GreenHouse Gas Protocol) et a progressivement intégré les Scope 1 et 2 puis 3 dans le calcul des émissions GES. Ils sont également intégrés dans la norme ISO 14064, publiée en 2006. 

Qui est concerné par le bilan carbone ?

En France, toutes les entreprises de plus de 500 salariés (250 en Outre-Mer), les établissements publics de plus de 250 agents et les collectivités de plus de 50 000 habitants ont l'obligation d'effectuer un BEGES tous les 3 ans. Les autres sont vivement encouragés par la SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) à le faire, pour la lutte contre le réchauffement climatique. Ce bilan entre d'ailleurs dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Néanmoins, la réglementation française impose seulement la publication et la diffusion des Scope 1 et 2 dans le BEGES de l'entreprise, alors que ces derniers ne représentent souvent qu'une faible part des émissions carbone de l'organisation.
Découvrez également notre autre article sur les subventions pour votre bilan carbone.

Scope 1, 2 et 3 du bilan carbone

Définition du Scope 1, Scope 2 et Scope 3 dans le BEGES

Le BEGES comptabilise les émissions provenant d'une organisation (multinationale, grande entreprise, collectivité…) ou d'un produit sur une période donnée. On sait ainsi quantifier les gaz à effet de serre émis durant le cycle de vie du produit ou les activités de l'organisation. Les Scopes sont les trois catégories qui permettent le calcul et se subdivisent en sous-catégories, proposées par l'ADEME, Bilan Carbone ou d'autres associations. 

Scope 1 : les émissions directes

C'est le périmètre de calcul le plus restreint. Le Scope 1 compte uniquement les émissions de CO2 directement liées à la fabrication du produit ou à l'activité de l'organisation. Il se décline en 5 sous-catégories :

Poste d'émission GES

Exemple pour la fabrication d'un produit

Exemple pour l'activité d'une entreprise tertiaire

sources fixes de combustion d'énergie fossile (utilisation de carburant sur immobilier)

chauffage au fioul ou gaz des locaux professionnels 

sources mobiles de combustion (utilisation de carburant par les véhicules)

essence / diesel dans les véhicules d'entreprise

procédés hors énergie (émissions liées aux procédés industriels et agricoles)

émissions dues à la transformation industrielle des matières premières pour la fabrication du produit

 

émissions fugitives (GES qui fuit des machines)

gaz réfrigérant de la climatisation de l'atelier de fabrication / du bureau

biomasse des sols et forêts (GES liées au changement d'affectation des sols, au déboisement…)

Déforestation pour installer les ateliers de fabrication

Changement d'affectation du sol pour installer les bureaux

Scope 2 : les émissions indirectes liées à la consommation d'énergie pour l'activité

Le Scope 2 ne prend en compte que les émissions carbone indirectes liées à la consommation d'énergie nécessaire à l'activité de l'organisation. S'il est vrai que cette consommation électrique ne rejette en elle-même aucun GES dans l'atmosphère, la production d'électricité, en revanche, en émet. C'est ce qui est comptabilisé dans ce Scope 2, décliné en 2 sous-catégories :

Poste d'émission GES

Exemple pour la fabrication d'un produit

Exemple pour l'activité d'une entreprise tertiaire

émissions indirectes liées à la consommation d'électricité

consommation électrique des équipements de l'usine / du bureau

émissions indirectes liées à la consommation d'énergie hors électricité (chaleur, vapeur, froid, air comprimé)

utilisation d'air comprimé pour machines pneumatiques

 


Scope 3 : les autres émissions indirectes

Le Scope 3 est le plus large. Il comptabilise toutes les émissions indirectes sur l'ensemble du cycle de vie du produit ou de l'activité de l'entreprise. Cela comprend les émissions GES produites en amont de la fabrication du produit / service et en aval de la production (Scope 1 et 2). Elles sont réparties entre amont et aval et déclinées en 16 sous-catégories :

Poste d'émission GES en amont

Exemple pour la fabrication d'un produit

Exemple pour l'activité d'une entreprise tertiaire

émissions liées à l'énergie hors Scope 1 et 2 (extraction et transformation des énergies fossiles : pétrole, uranium…)

extraction et raffinage du pétrole pour les véhicules de l'entreprise

actif en leasing (location de biens matériels)

location de voitures pour les employés

achat de produits et services 

achat de matières premières et de mobilier 

achat de mobilier de bureau, matériel informatique, logiciels…

transport et distribution de marchandises

livraison des matières premières

livraison de matériel de bureau

déplacements professionnels (trajets professionnels des employés pour l'organisation)

déplacement pour rencontrer des clients

déplacement pour se rendre à un séminaire d'entreprise

transport des visiteurs et des clients dans le cadre de l'activité

déplacement d'un client vers un espace de vente du produit

déplacement d'un client vers un bien immobilier

déplacements domicile - travail des employés

déplacement journalier d'un employé entre son domicile et le lieu de travail

biens immobilisés utilisés pendant 5 à 50 ans

machines de production

véhicules de fonction

déchets générés

emballage de matériaux

papier de bureau

investissement (participation aux actifs d'autres organisations)

achat d'actions d'une autre entreprise

 

Poste d'émission GES en aval

Exemple pour la fabrication d'un produit

Exemple pour l'activité d'une entreprise tertiaire

transport et distribution de marchandises

livraison du produit au client

livraison d'un article acheté sur un site e-commerce

déchets

emballages du produit fini

carton d'emballage du colis

fin de vie des produits ou services vendus (recyclage, stockage ou enfouissement)

recyclage du produit en fin de vie

recyclage du papier

utilisation des produits ou services vendus par l'usager

énergie du lavage d'un vêtement produit

énergie pour utiliser un logiciel informatique

franchise aval


franchise d'une entreprise de services / restauration / manufacture…

leasing aval (mise en location des produits / services de l'entreprise)

mise en location de la voiture fabriquée par l'entreprise

abonnement à une application en ligne

 

Les limites des Scope sdu bilan carbone

Il est vraiment essentiel aux entreprises de comptabiliser le Scope 3 dans leurs émissions totales, afin d'avoir une vue réaliste des émissions induites par l'activité humaine. En effet, certaines entreprises établissent un bilan de comptabilisation des émissions générées faussé, telle la partie immergée et invisible d'un iceberg. Elles risquent alors d'être identifiées comme pratiquantes du greenwashing en se montrant plus écoresponsables qu'elles ne le sont en réalité. Aujourd'hui, les investisseurs et les clients sont de plus en plus sensibles à la neutralité carbone, à la lutte contre le changement climatique, et se tournent donc plus volontiers vers des produits et des services verts.

Définissons ensemble, votre stratégie bas carbone.

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