C'est indéniable. Ramené à une valeur par kilomètre et par passager, le transport par avion est le mode de déplacement le plus polluant. Comment se chiffre l'empreinte carbone de l'avion et pour quel résultat ? Quelles sont les solutions de remédiation à la pollution du secteur aérien ?
Qu'est-ce que l'empreinte carbone ?
L'empreinte carbone est un indicateur de pollution, exprimé en tonne équivalent CO2 qui inclut les émissions directes, les émissions indirectes et les émissions globales d'une entité ou d'un secteur donné (Scope 1, 2 et 3). Le CO2 est l'unité d'harmonisation des gaz à effet de serre afin de simplifier les calculs et l'évaluation de l'impact des émissions de GES sur le changement climatique. Cela englobe le dioxyde de carbone (CO2) mais aussi le méthane (CH4), l'oxyde nitreux (N2O), les hydrofluorocarbones (HFC), les perfluorocarbones (PFC) et l'hexafluorure de soufre (SF6). Ces six gaz à effet de serre polluants ont été référencés lors du Protocole de Kyoto en 1997.
Le transport : un secteur fort émetteur de CO2
En raison des conséquences de la crise sanitaire mondiale de la Covid-19, les valeurs de 2020 et 2021 ne reflètent pas la réalité. Nous retenons donc celles de 2019.
A l'échelle mondiale, l'empreinte environnementale globale du transport est évaluée à 24 % des émissions totales, répartis en 60 % pour le transport des passagers et 40 % pour le fret, selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). Les émissions GES du secteur du transport sont réparties en transport routier (75 %), transport maritime (11,9 %),transport aérien (11,9 %) et transport ferroviaire (1,2 %). Comparer entre eux les modes de transport n'est pas aisé car cela dépend de son état, de l'état des infrastructures, du combustible utilisé. Pour mesurer correctement leur impact environnemental, on doit aussi prendre en compte l'empreinte carbone par kilomètre parcouru et par passager. L'avion devient alors, et de loin, le mode de transport le plus polluant.
L'empreinte carbone de l'avion
A lui seul, le secteur de l'aviation civile représente 3 à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais il n'est utilisé que par 10 % de la population mondiale : les plus aisés et les moins impactés par le réchauffement climatique. Le fret aérien est minime à 0,25 %, comparé au fret maritime (70,75 %), au fret ferroviaire (12 %) et au fret routier (17 %). C'est donc aux émissions de GES rapportées par passager au kilomètre que se joue la différence :
Mode de transport : Emissions CO2 par passager / kilomètre
Avion : 152 à 285 grammes de CO2
Voiture : 88 à 193 grammes de CO2
Empreinte carbone des trains : 0,73 à 24 grammes de CO2
Prendre l'avion pollue donc 10x plus que le train pour se déplacer. La variable s'explique principalement par la différence d'émissions entre les vols courts des lignes intérieures, les vols moyen courrier intercontinentaux et les vols long courrier internationaux. Entrent également en compte le nombre d'escales, le taux de remplissage, le combustible, les technologies embarquées, la vétusté de l'appareil…
Calcul de l'empreinte carbone d'un passager d'avion
La fondation Good Planet a estimé le bilan carbone d'un aller-retour Paris Madrid à 176 kg de CO2 par passager, pour environ 2 100 km. Pour la même pollution émise, il pourrait parcourir 100 000 km en TGV selon le calculateur de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'énergie). Lors d'un vol long courrier Paris New-York en classe éco avec 11 700 km aller-retour, les émissions montent à 1 178 kg de CO2 par passager et à 2 873 kg de CO2 pour un vol Paris Bangkok de 18 900 km aller-retour.
Afin d'atteindre les objectifs fixés par l'Accord de Paris en 2015 (limiter l'augmentation de température globale à 2°C supplémentaires par rapport à l'ère préindustrielle), un Français doit réduire son empreinte énergétique annuelle à 2 tonnes équivalent CO2 (contre 11 aujourd'hui) pour atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Rien qu'avec un voyage vers la Thaïlande, il dépasse de 40 % cet objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sans compter les transports annexes (navette aéroport, taxi…).
La répartition des émissions générées par le transport aérien
Un avion consomme en moyenne 3 litres de carburant par passager par tranche de 100 km, soit 110 000 litres pour un vol Paris New-York en Airbus A380. Une bonne part est d'ailleurs consommée au décollage. Les grandes entreprises de l'aviation civile comme Air France ont l'obligation de publier leur bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES) avec les Scope 1 et 2 (émissions directes et indirectes). Cela comprend donc l'empreinte carbone des infrastructures aéroportuaires mais pas le transport des passagers avant et après le vol, ni le cycle de vie des avions, le raffinage du carburant, etc, inclus dans le Scope 3.
Comment réduire l'empreinte écologique des avions ?
Ramené à l'usager, le transport aérien est de loin celui qui pollue le plus, une valeur contrebalancée par le nombre de passagers, qui fait baisser la facture environnementale de chacun. Cependant, la meilleure solution serait d'arrêter purement et simplement de prendre l'avion mais les habitudes ne changeront pas du jour au lendemain. En France, de nombreux vols courte distance ont disparu au profit du transport ferroviaire s'il existe une ligne en moins de 3h (Paris Marseille, Paris Toulouse…). Pour les vols long courrier, utiliser un autre mode de transport reste pour l'instant impossible. Les entreprises de l'aéronautique commencent donc à se tourner vers d'autres solutions de lutte contre le changement climatique pour réduire leurs émissions et leur empreinte sur l'environnement :
- biocarburants
- e-taxiing (utilisation de l'énergie électrique pour déplacer les avions au sol)
- développement des énergies renouvelables
- projets de compensation des émissions de carbone des trajets (programme de compensation carbone volontaire…), tel que les projets de compensation d'Air France ou de Ryanair.