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TCFD : des recommandations pour votre stratégie carbone

TCFD : des recommandations pour votre stratégie carbone

Olivier CLUR, Fondateur de Backcarbone

Mes articles sont conçus pour vous transmettre mes découvertes et vous éclairer dans votre stratégie carbone.

TCFD : des recommandations pour votre stratégie carbone

Le réchauffement climatique est une réalité que l'on ne peut plus ignorer. Limiter son impact et s'y adapter requiert des mesures concrètes dont les acteurs économiques internationaux doivent se saisir sans tarder. 

De ce constat est née la TCFD (Task Force on Climate Related Financial Disclosure - Groupe de travail sur la publication d'informations financières relatives au climat en français), créée par le Conseil de Stabilité Financière en 2015 suite à la demande des dirigeants représentants du G20. Elle donne une feuille de route aux entreprises concernées dans le monde entier.

La TCFD en quelques mots

Dirigé par M. Bloomberg (ancien maire de New-York), ce groupe de travail est constitué de 31 membres utilisateurs et préparateurs de données. Ils sont issus de l'univers de la finance internationale (grands groupes de placement, investissement, gestion financière…), d'autres secteurs d'activités concernés par la TCFD et de la gestion des risques climatiques.

Le plan d'action de la task force on climate dédié aux entreprises doit les aider à publier des informations pertinentes réparties en 4 axes majeurs et destinées aux investisseurs, assureurs et prêteurs. Ces derniers pourront alors évaluer et chiffrer les risques liés au changement climatique pour une meilleure utilisation des fonds disponibles

TCFD

A qui s'adresse la TCFD ?

Les recommandations de la task force on climate s'adressent autant aux entreprises qu'aux investisseurs afin que toutes les parties prenantes de la finance mondiale disposent d'une connaissance avisée et fine des enjeux climatiques actuels.

Les entreprises

Les entreprises du secteur financier (fonds d'investissement, banques, compagnies d'assurance…) sont les premières concernées car leur implication active dans la lutte contre le réchauffement climatique est indispensable. 

Cependant, les objectifs de la TCFD peuvent s'appliquer à tous les secteurs d'activité, avec ou sans recommandation spécifique (transport, agriculture, énergie, bâtiment…), quelles que soient la taille de l'entreprise et son implantation dans le monde.On retiendra que les obligations s'appliquent à toute organisation avec un chiffre d'affaires annuel supérieur à un milliard de dollars, une dette publique et/ou des capitaux propres.

Les investisseurs

Un bon placement financier se fait toujours en ayant pris la pleine mesure des risques encourus. C'est pourquoi la TCFD des entreprises s'adresse aussi aux investisseurs propriétaires ou gestionnaires d'actifs. La transparence des informations partagées doit aider à attirer les investissements et à protéger ces derniers.

Le grand public

Nul besoin d'en être l'acteur direct ou indirect pour lire les résultats d'un rapport d'entreprise sur son activité. Les informations rendues publiques aident également chacun à prendre connaissance des risques liés au changement climatique et à son impact sur l'économie globale.

TCFD


Les recommandations de la task force on climate

Alors qu'on s'interroge toujours sur l'impact des organisations sur le climat en termes d'émissions de gaz à effet de serre, de pollution, de baisse de la biodiversité et autres conséquences, la task force on climate se propose de prendre le problème à l'envers. 

Mesurer les risques climatiques et les opportunités engendrées sur une organisation apporte un éclairage nouveau à tous les acteurs concernés. Ainsi, nous pourrons faire preuve de résilience et d'adaptation au changement climatique. 

Pour cela, elle détermine quatre axes majeurs : gouvernance, stratégie, gestion des risques, mesures et objectifs. Ils s'adressent à tous les secteurs d'activité et pays confondus pour aider les entreprises à rédiger leur reporting extra-financier.

Les 4 axes majeurs de la TCFD

La gouvernance de l'entreprise

Les efforts déployés par une organisation commencent en haut de la pyramide. C'est pourquoi la task force on climate related  recommande d'expliquer comment les dirigeants de l'entreprise (PDG, Conseil d'Administration…) surveillent et supervisent les risques et les opportunités liés au changement climatique, comment ils les intègrent dans leur stratégie de développement globale et leur budget.

Il est aussi pertinent de décrire qui assure l'évaluation et la gestion des risques (personnel dédié à ces questions…).

La stratégie de l'entreprise du secteur privé

Dans cette partie du rapport, le suivi des recommandations implique la description des risques climatiques et des opportunités, réels et potentiels, identifiés. Il s'agit d'expliquer quel est ou sera leur impact sur l'activité au niveau matériel et financier à court, moyen et long terme.

Ensuite, le rapport devra témoigner de la stratégie de résilience de l'organisation selon différents scénarios de changement climatique (atteinte des objectifs de l'Accord de Paris au niveau d'émissions de CO2 élevé). Ici, il est nécessaire de projeter l'activité dans chaque scénario et d'analyser les risques, les opportunités et les solutions possibles pour en assurer la pérennité. Seront alors expliquées les manières de faire sa transition bas-carbone et de réduire les émissions de gaz à effet de serre sur les trois Scope.

La gestion des risques par l'entreprise

La TCFD recommande à l'entreprise d'expliquer la façon dont les risques climatiques sont identifiés, évalués et gérés au sein de l'organisation : par qui, comment, quand… Ainsi, elle montre l'importance qu'elle leur accorde dans ses processus de gestion des risques généraux. 

Les mesures et objectifs

Cette partie du rapport extra-financier est la plus concrète. C'est là que l'organisation met en valeur les mesures prises pour faire face aux risques climatiques et en saisir l'opportunité, mais aussi les objectifs à atteindre avec les moyens mis en œuvre pour y parvenir. 

On n'oublie pas d'y placer le bilan carbone de l'entreprise, avec au moins les Scope 1 et 2 précisant les émissions de CO2 de l'activité, et les solutions de réduction de cet impact écologique dans un laps de temps donné sur un calendrier. Les progrès par rapport à l'année précédente et à l'année de départ seront aussi mentionnés, accompagnés des indicateurs de suivi.

Bien évidemment, les méthodes de calcul employées devront être transparentes et clairement expliquées.

Sondage sur l'implémentation des recommandations. Source : rapport 2022 de la TC FD

7 recommandations générales à la rédaction du rapport

Une information efficace est une information qui atteint sa cible. La task force on climate recommande donc de : 

  • ne publier que des informations pertinentes
  • être aussi précis et exhaustif que possible
  • rédiger un texte accessible à tous et bien équilibré
  • rester cohérent sur une échelle de durée
  • fournir des données et des explications comparables avec celles d'une organisation similaire
  • fournir des données objectives, fiables et vérifiables à tout moment sur le site internet de l'organisation (pendant au moins 5 ans)
  • publier le rapport annuel dans les délais conformes à la réglementation en vigueur, soit dans les 8 mois suivant la clôture de l'exercice (Décret n° 2017-1265 du 9 août 2017).

Comprendre les risques climatiques et les opportunités afférentes : les recommandations de la TCFD

Certaines organisations peinent encore à intégrer les risques climatiques dans leur stratégie d'entreprise car elles n'en mesurent pas l'impact ou dénient leur existence. La task force on climate related préconise donc d'utiliser différents scénarios climatiques proposés par le GIEC (Groupe d'Experts International sur l'Evolution du Climat), du plus positif (atteindre l'objectif de l'Accord de Paris et maintenir le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle) au plus dramatique (températures supérieures de 4°C ou plus), pour rédiger la partie stratégique de leur rapport extra-financier. Elles pourront modéliser l'avenir de leur activité à court, moyen et long terme. Cela permettra d'évaluer le champ des possibles et de quantifier l'impact du changement climatique sur la production à tous les niveaux (matériel, humain, environnemental, législatif et commercial).

Les risques climatiques à évaluer

Tout d'abord, il faut tenir compte dans chaque scénario des risques physiques directement liés au dérèglement climatique en fonction de l'activité, de sa zone géographique et de ses besoins : 

  • risques pour les locaux d'entreprise (exposition à une inondation, à la montée du niveau des océans, à un incendie majeur…)
  • risques pour les parties prenantes (employés, usagers, clients, fournisseurs…) liés aux matériaux, à la pollution, etc.
  • risques sur la chaîne de production (énergie, approvisionnement, livraison…).

Vient ensuite l'évaluation des risques de marché (variations dans le temps des habitudes des consommateurs, de la production des matières premières…), des risques technologiques (abandon d'une énergie ou d'une technologie), des risques juridiques (nouvelle réglementation visant à accélérer la lutte contre le changement climatique) et des risques de réputation (manquement à l'orientation écoresponsable de la population).

Les opportunités à saisir pour profiter de la transition écologique

La décarbonation de la société mondiale est aussi synonyme d'opportunités économiques pour les organisations qui sauront en tirer partie. Il s'agit là d'anticiper les changements qui s'opèrent, notamment en abandonnant les énergies fossiles au profit des énergies renouvelables, en déployant une meilleure gestion de l'eau et des ressources, en réduisant ses besoins énergétiques, ses déchets… 

C'est aussi l'occasion d'innover, d'investir dans le développement durable, de proposer de nouveaux services et produits, en adéquation avec la transition écologique pour rester attractif et concurrentiel sur le marché global.

Enfin, la mesure des risques et des opportunités permet aux entreprises de mieux supporter les changements à venir.

System de Management du groupe SHell pour intégrer la TCFD dans leurs décisions. Source : rapport 2022 de la TCFD


Pourquoi s'aligner sur les recommandations de la TCFD est un enjeu majeur pour les acteurs économiques ?

"L'adoption des recommandations de la task force on climate peut aider les entreprises à faire preuve de responsabilité et de prévoyance. Une meilleure divulgation de l'information conduira à une meilleure allocation du capital, et facilitera la transition vers une économie plus durable et à faible émission de carbone." 

Tel est le résumé des enjeux des recommandations de la task force on climate par son président, Michael R. Bloomberg, en septembre 2020 lors d'une réunion du mouvement One Planet.

Pour le détailler, il faut comprendre que l'application des recommandations est une démarche gagnant/gagnant entre les entreprises et les investisseurs mais aussi entre les organisations et leurs clients ou usagers.

Ainsi, la publication d'un rapport pertinent, précis, fiable et accessible favorise les investissements, tout particulièrement les investissements verts. Les marchés financiers sont rassurés par la pérennité et la résilience de l'entreprise quand celle-ci démontre sa capacité à encaisser le réchauffement climatique et ses conséquences, à déployer des solutions de remédiation et à s'inscrire dans une démarche écoresponsable.

Du côté des entreprises, la prise de conscience du changement climatique est plus complète et elles sont plus à même d'anticiper et de s'adapter. Elles peuvent également mesurer les opportunités stratégiques à saisir pour s'orienter vers une transition bas-carbone et tirer leur épingle du jeu. Les organisations suivent ainsi les diverses recommandations nationales et internationales (taxonomie verte européenne, loi pour la transition énergétique en France…) sur les objectifs d'économie décarbonée (économie zéro émission nette en neutralité carbone).

De plus, les rapports extra-financiers étant publics, en ligne sur le site de l'organisation pendant une durée minimale de 5 ans, ils peuvent être consultés par tous, conformément à la directive européenne du 22 octobre 2014 sur la publication des informations non financières. Les clients et les usagers sont de plus en plus concernés par les questions climatiques. Ils sont donc sensibles aux services et produits respectueux de l'environnement ou provenant d'une entreprise soucieuse de son impact écologique.

List des supporters de la TCFD. Source : rapport de la TCFD de 2022

Les grandes dates de la TCFD

2015 : création du groupe de travail international de la TCFD 

2017 : publication des recommandations de la task force on climate related

2018 : alignement des questionnaires du CDP (Carbon Disclosure Project) sur les recommandations

2019 : publication du premier rapport de la task force on climate related

2021 : mise à jour des recommandations et de leur mise en oeuvre 

2021 : alignement des sociétés cotées sur les recommandations

2022 : publication du cinquième rapport de la task force on climate related.

Depuis les 103 organisations adhérentes en 2017 pour 3,5 milliards de dollars de capitalisation boursière mondiale, la TCFD n'a cessé de s'étendre. Aujourd'hui, en début 2023, elle en touche plus de 4 000, réparties dans 101 juridictions à travers le monde et de nombreux secteurs d'activité. Cela représente une capitalisation boursière combinée de 27 000 milliards de dollars.

Plus d'informations sur le rapport PDF de la TCFD de 2022

Définissons ensemble, votre stratégie bas carbone.

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