En tant qu'organisateur du secteur événementiel, vous savez combien de temps nécessitent la planification et l'exécution d'un projet. Entre budget, programmation, plans marketing et organisation, la liste est sans fin ! Mais si ces points sont essentiels à la réussite, un autre élément peut vraiment faire entrer votre événement dans une dimension éthique et écoresponsable en le valorisant : la compensation de son empreinte carbone.
Le réchauffement climatique est aujourd'hui sur toutes les lèvres. On prend peu à peu conscience de ses conséquences délétères sur la planète en général et sur notre vie en particulier. Tous les secteurs sont donc concernés par la réduction de l'empreinte carbone des activités humaines, des sociétés de transport aux partis politiques, en passant par les collectivités territoriales et bien sûr l'évènementiel. En effet, plus que jamais, les participants à un festival ou tout autre évènement privé ou public sont sensibles à la cause environnementale, surtout les plus jeunes qui voient leur avenir se dégrader. Que votre évènement fête la musique, la mode, le cinéma, le théâtre ou commémore une date historique, l'enjeu écologique doit être mis en valeur par des actions concrètes.
Au-delà de l'image véhiculée et de l'attraction du public cible pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la compensation du carbone irréductible, il en va de l'éthique du secteur évènementiel. Ainsi, chacun se doit d'agir de matière écoresponsable afin de contribuer à l'effort commun de lutte contre le réchauffement climatique et d'atteinte des ambitieux objectifs de l'Accord de Paris. Avec une logistique importante directe et indirecte pour faire venir les artistes, le public, les équipes et le matériel, la consommation d'énergie sur place et la production inévitable de déchets, les évènements ont l'obligation de limiter leur impact et, si possible, d'être neutres en carbone comme certains le font déjà.
Le rapport Décarbonons la culture ! publié par The Shift Project en 2021 établit les émissions moyennes d'un grand festival installé en périphérie ou en zone rurale à 15 656 tonnes équivalent CO2, soit environ 56 kg par festivalier si 280 000 personnes sont accueillies par l'évènement. Elles sont chiffrées sans aucun processus de décarbonation de l'activité. Avec toute une série de mesures concrètes de responsabilisation de toutes les parties prenantes, elles peuvent être réduites de 47,6 % et atteindre 8 199 TeqCO2 en limitant le carbone :
- du transport (optimiser les déplacements des équipes, des artistes et des festivaliers en privilégiant le train à faible impact carbone à l'avion ainsi que le covoiturage et les transports collectifs, mutualiser le matériel)
- de l'alimentation et des boissons (favoriser le circuit court et les produits locaux)
- de l'énergie électrique (éliminer les groupes électrogènes polluants en optant pour une électricité décarbonée d'EDF ou d'un fournisseur vert)
- du numérique (choisir un hébergeur web écologique, réduire l'impact du en compensant les émissions de son site internet, éviter l'ultra haute définition…)
- des déchets (optimiser le ramassage et le tri des déchets avec une société de traitement locale)...
Depuis 2018, le festival de Ronquières (Belgique) est neutre en carbone. Les organisateurs ont réduit au maximum les émissions de CO2 en choisissant une source d'énergie renouvelable, en fournissant nourriture et boissons locales, en assurant la gestion des déchets et en responsabilisant les festivaliers (notamment sur les modalités de transport écoresponsables). Ainsi, le bilan carbone de chaque participant s'établit à 24 kg eq.CO2. Il est compensé par la contribution à la reforestation par le festival : 84 000 arbres ont été plantés à Madagascar entre 2018 et 2022.
Neutre en carbone depuis 2010, le festival We Love Green, reconduit chaque année à Vincennes, met en avant son mode de fonctionnement durable et éthique en produisant de nombreux artistes engagés et en soutenant des causes environnementales. Il réduit ses émissions carbone par son partenariat avec des fournisseurs locaux et les transports en commun (SNCF…), l'application d'une politique zéro plastique, la revalorisation des déchets, la mise en œuvre d'un mix énergétique et de l'économie circulaire, la sensibilisation des festivaliers aux enjeux environnementaux et éthiques… Grâce à ces actions, le bilan carbone s'élève à 16 kg eq.CO2 par participant en 2022. Les émissions irréductibles sont compensées par des projets, dont la plantation de 80 000 arbres en partenariat avec ECOSIA, et les bénéfices sont employés à lutter contre le changement climatique par divers procédés. Le festival travaille aussi à obtenir la certification ISO 20121 “système de management responsable appliqué à l’activité événementielle”.
Depuis la certification de neutralité carbone obtenue en 2021 pour son Festival du Film puis pour ses manifestations de théâtre, musique, danse et art contemporain en 2022 (ISO PAS20600), la Biennale de Venise est à la pointe du développement durable dans l'évènementiel. Meilleure gestion des ressources en eau, choix d'une énergie renouvelable, promotion de l'économie circulaire, optimisation des moyens de transports à faible émission de carbone et sensibilisation des festivaliers sont les fers de lance de cet évènement de renommée internationale. Il compense ses émissions irréductibles par l'achat de crédits carbone certifiés, générés par des projets de développement durable et de protection de l'environnement, notamment en Amérique du Sud.
